Un cri perçant sortit de la bouche du nouveau-né, porté par les bras frêles de sa mère. La tête ovale, les yeux plissés, le teint rouge comme une écrevisse et la bouche grande ouverte. C’est ainsi que m’avait décrit mes parents lors de ma naissance, un certain seize avril mille-neuf cent quatre-vingt-dix. Je suis née à Seattle, un jour de pluie et de vent. Un jour commun, me direz-vous. Oui, mais ce fut également la pire journée de ma vie, quinze années plus tard. Mais je vous raconterais cette histoire dans un autre passage, restons d’abord dans le contexte de ma naissance et de mon enfance. Ma mère m’a donné le nom de Silver Elladora, le second vient de sa grand-mère. J’ai les yeux marron, le nez fin et un teint doré lorsque je rentre de mes vacances. Mes cheveux châtains aux reflets cuivrés ondulent naturellement même si parfois je m’obstine à les lisser. Attendez, on est toujours pas dans mon enfance là ?
J’ai vécu à Seattle jusqu’à mes quinze ans. J’étais très appréciée par mes professeurs, étant donné que je participais beaucoup et que j’avais les meilleures notes de la classe. C’est d’ailleurs pour cette raison que plusieurs élèves ne voulaient pas de moi. Mais tous les jours je retrouvais ma bande d’amis pour qui j’étais un symbole.
Avant d’entrée au Lycée, un évènement tragique marqua mon esprit à jamais. C’était le jour de mon quinzième anniversaire, et mes parents voulaient m’emmener à New York pour fêter ce le jour de ma naissance, puisque j’étais enfant unique. Mais sur le trajet, un chauffard ivre qui roulaient à plus de cent kilomètres par heure nous tomba dessus –littéralement. Assise à l’arrière je n’avais qu’une fracture au bras et une déchirure ligamentaire, mon père était dans le coma et ma mère ne bougeait plus. Oui, elle était bel et bien morte. Deux mois plus tard, me père s’était réveillé, mais l’accident avait provoqué de graves séquelles, et la mort de ma mère l’avait rendu dépressif. J’ai donc été placé dans un internat, au Canada. C’est à cause du drame de mes quinzes ans que j’espère devenir médecin, pour sauver des vies, car j’ai appris une chose ce jour-là ; on en a qu’une.
A l’internat, ma cote de popularité est vite passé de la ‘petite nouvelle’ à ‘la fille mystérieuse et sexy que tout le monde connait’. J’ai eu beaucoup d’aventures, j’étais capitaine de l’équipe des Cheerleader.
Après mes dix-huit ans, et étant classé dans les meilleures élèves de l’établissement, j’ai envoyé mon dossier à Dartmouth, j’ai été reçue, je suis en deuxième année d’études de médecine, ou en PCEM 2, en abrégé. J’aime qu’on me voit. Eh, généralement je ne passe pas inaperçue. C’est pourquoi j’ai intégré la sororité des Lambda Tau Omega, car j’ai appris que pour gagner sa place dans l’élite de l’université, mieux valait s’y connaître niveau mauvais coups et amourette d’un soir.